ORAGES DU 13 AOUT 2015

Le but de ce dossier est de retracer à la fois l'événement en lui-même mais aussi de comprendre quels sont les mécaniques qui entrent en jeu lors de cette dégradation.

Dès le week-end des 08 et 09 Août 2015, une dégradation majeure est entrevue soit Mercredi ou Jeudi selon les modèles.
Cette dégradation visible synoptiquement sur la carte ci-dessous traduit pour un oeil averti une dégradation à ne pas négliger d'autant plus que nos Départements sont à leurs pics de fréquentations touristiques.

La synoptique entrevue par le modèle (américain) GFS pour le Mercredi 12 Août à 20h locale montre la situation telle qu'elle pourrait être avec comme sur la première carte la présence d'un Thalweg d'altitude se prolongeant jusque sur les Balèares où il se forme une Dépression de surface.

La seconde carte montre les précipitations prévues à la même échéance mais je vous la montre surtout pour visualiser le potentiel pluvieux possible et entrevu par le modèle sachant qu'à cette échéance il est très difficile de prévoir les zones impactées précisemment ainsi que les cumuls.


                         Prévisions du phénomène

La dégradation principale étant annoncée pour la mi-journée du Jeudi 13 Août, nous nous concentrerons sur la prévision pour cette dégradation pour cet instant précis. En effet, nous verrons par la suite que la dégradation a été matinale pour certains secteurs et s'est poursuivi par la suite mais il est question d'analyser des éléments propres à une dégradation orageuse.

A l'échelle synoptique, nous retrouvons la situation suivante (modèle français ARPEGE) prévue pour Jeudi 11h locale :


On retrouve, comme indiqué quelques jours plus tôt, notre Thalweg d'altitude qui part de l'Irlande aux Baléares avec en surface (en fond de Thalweg) le creusement d'une Dépression de surface. Résultat : flux de SO en altitude et flux de SE au sol provoquant un cisaillement au niveau des vents favorables à la constitution d'orages. 

Notre Dépression de surface draîne une masse d'air très chaudes et humides dont on peut voir l'intensité avec la carte ci-dessous des Theta E 850hPa.  

Pour avoir de l'instabilité, il nous faut en plus du carburant. Le MUCAPE (Most Unstable Convective Avalaible Potentiel Energy) en fait partie. C'est en clair le potentiel maximal d'énergie convective exprimée en J/kG. A 12h on tourne entre 500 et 1300 d'Ouest en Est (hors relief).

Après l'essence, il nous faut un ou plusieurs moteurs : Un forçage.

Il peut être soit local (forçage orographique ou convergence de vents) ou de grande échelle (anomalie de Tropopause).


En altitude, on remarque bien un forçage sous la forme d'une anomalie de Tropopause.


En se rapprochant de plus près avec le modèle (français) AROME, on retrouve bien notre forçage principal mais on y découvre aussi un forçage à l'avant donc on verra par la suite ses conséquences.

Ce forçage principal est associé au passage du courant Jet. Le Département est placé dans une configuration particulièrement dynamique du Jet, à savoir, une sortie gauche mais simultanément une entrée droite augmentant la divergence de l'air en altitude.

La divergence en altitude est bien modélisée sur la carte ci-dessous avec des indices négatifs.

La nature ayant horreur du vide, si une divergence en altitude existe, elle va entraîner une convergence au sol et nous avons là un second type de forçage qui entre en jeu. 

En retournant en altitude, notre courant Jet est à l'origine de la constitution de tourbillons à mi-hauteur de l'atmosphère et ces advections positives de tourbillons absolu comme on les appellent permettent la constitution d'orages.

Maintenant que nous connaissons le type de dégradation, à svoir une dégradation orageuse pouvant être marqué, le suivi du phénomène va nous permettre d'analyser si les éléments prévus ont bien contribué à l'éclosion d'orages parfois forts.

 

                             Suivi de l'événement

Jeudi 13 Août 2015, l'analyse isobarique dès 08h du matin traduit la présence d'un front froid consécutif au forçage annncée et que l'on retrouve le long de l'Atlantique. Sa présence traduit donc bien un conflit de masse d'air avec de l'air froid qui pousse derrière le front et notre apport d'air chaud à l'avant crée par notre Dépression sur les Baléares.



Cependant, il est déjà tracé un trait épais à l'avant du front indiquant une ligne instable déjà présente, c'est à dire que des averses et/ou orages éclatent déjà de l'Ile de France à la Catalogne.


En y regardant de plus près et on se concentrant sur notre Département, on retrouve bien notre forçage principal (anomalie de Tropopause) dès 5h locale correspondant au front froid mais détails supplémentaire est visible, puisqu'une anomalie en amont du forçage principal est présente favorisant le déclenchement d'instabilité pré-frontal. La dégradation a donc déjà commencé même si le plus gros est attendu pour la mi-journée.




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